Pendant longtemps, la Guinée est restée en retrait dans les compétitions de natation, faute d’infrastructures et de moyens. Mais ces dernières années, de jeunes talents guinéens commencent à se faire un nom au-delà de nos frontières, prouvant que la passion de l’eau peut surmonter bien des obstacles. L’exemple le plus retentissant est sans doute celui d’Elhadj N’gnane Diallo, un natif de Conakry âgé de 21 ans, qui a eu l’honneur de représenter le pays aux Jeux olympiques de Paris 2024. Qualifié grâce à une invitation du Comité International Olympique dans le cadre du programme d’universalité, N’gnane Diallo a vécu son baptême du feu olympique sur le 50 mètres nage libre, l’épreuve reine de sprint en natationledjely.com. Conscient du fossé qui le sépare des nations dominantes, le jeune homme n’en a pas moins affiché des ambitions mesurées mais symboliques : « Pour mes premiers JO, [je veux] battre le record national et élever la natation guinéenne à l’international » confiait-il avant sa courseledjely.com. S’il n’a pas décroché de médaille, N’gnane a amélioré son chrono personnel et surtout gagné en expérience au contact de l’élite mondiale. Son parcours est singulier : bénéficiaire d’une bourse de la Fédération Internationale de Natation, il s’est entraîné au Sénégal puis en Thaïlande depuis 2020 pour progresser. Sa détermination et son parcours inspirent déjà de plus jeunes athlètes en Guinée.
Parmi ces espoirs, Djenabou Jolie Bah est un nom à retenir. À seulement 13 ans, cette nageuse originaire de Labé a créé la surprise lors du championnat d’Afrique junior Zone 2 à Accra en août 2023. Face aux meilleurs représentants de 27 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, la jeune Jolie Bah a récolté huit médailles à elle seulelelynx.net, un exploit inédit pour la natation guinéenne. Sur la première journée de compétition, elle décroche cinq podiums (trois médailles d’argent et deux de bronze) et continue sur sa lancée les jours suivantslelynx.net. Avec l’appui de son coéquipier Fodé Amara Camara – médaillé d’or et d’argent – la Guinée totalise finalement 11 médailles et se classe cinquième sur 27 pays à ce rendez-vous continental juniorlelynx.net. Une performance de haut vol qui a valu aux jeunes nageurs un accueil triomphal à Conakry. Djenabou Jolie Bah, qui n’était encore qu’une adolescente débutante quelques mois plus tôt, est devenue un symbole de la relève sportive. Son sérieux à l’entraînement et son mental de compétitrice laissent présager un bel avenir. « Je veux devenir championne du monde un jour », a-t-elle déclaré avec une candeur déterminée, invitant ses camarades guinéens à croire en leurs rêves de natation.
Ces succès témoignent d’une montée en puissance progressive de la natation guinéenne. Certes, le chemin est long pour rivaliser avec les grandes nations africaines comme l’Égypte ou l’Afrique du Sud qui dominent les bassins. Mais la Guinée s’affirme pas à pas dans la Zone 2 (région ouest-africaine) comme un outsider à suivre. En 2018 déjà, des nageurs guinéens avaient participé aux Jeux Africains et aux championnats d’Afrique seniors, engrangeant de l’expérience. Aujourd’hui, grâce à des programmes de détection et à la persévérance des encadreurs, de plus en plus de jeunes talents émergent malgré le manque de piscines. Chaque médaille remportée, chaque record national battu est mis en avant pour inspirer la jeunesse. Les médias locaux commencent à relayer ces prouesses, ce qui aide à populariser la natation auprès du grand public. Voir un Guinéen aux Jeux olympiques ou une adolescente de Labé briller à l’étranger contribue à changer les mentalités : oui, la natation peut aussi être un sport où la Guinée excelle.
La Fédération Guinéenne de Natation et de Sauvetage compte capitaliser sur cet élan. Des stages intensifs sont proposés aux meilleurs éléments, parfois à l’étranger en partenariat avec la FINA (rebaptisée World Aquatics). L’objectif assumé est d’envoyer d’autres nageurs aux Jeux olympiques de Los Angeles 2028, et de décrocher à moyen terme des podiums continentaux chez les seniors. Pour cela, les athlètes prometteurs comme N’gnane Diallo ou Djenabou Bah doivent continuer à progresser, mais aussi servir de locomotives pour attirer de nouveaux pratiquants. Dans les écoles et les clubs naissants, leur exemple suscite des vocations : de plus en plus d’enfants guinéens se disent qu’eux aussi, un jour, pourraient nager sous les couleurs nationales et faire retentir le tricolore rouge-jaune-vert sur les podiums. Cet espoir est peut-être la plus belle victoire qu’ils nous offrent aujourd’hui.